Nous portons tous des blessures, à notre insu, elles se greffent à nos vies et dérobent notre identité. Consciemment ou non, nous croyons trouver réconfort en comparant nos plaies. Il y a un proverbe qui dit : Quand on se regarde, on se désole, quand on se compare, on se console. Selon moi, c’est faux! L’apaisement viendra à celui qui saura dissocier son mal de son être.
Le bien-être, c’est le travail d’une vie et les traits d’union qui entremêlent notre mal-être finiront par se délier.
Chacun sa route, chacun son chemin, mais voici un 1er aperçu de mon parcours.
Retour en arrière
J’ai appris, par association, que les situations déplaisantes et honteuses n’étaient pas un sujet de conversation mais un élément à dissimuler. Vers l’âge de 15-16 ans, j’ai noté que la densité de mes cheveux n’était pas uniforme, j’étais sans savoir que ce processus de perte de cheveux était le début d’un long chemin.
Je ne me cachais pas (ce n’était pas Flagrant, je crois). Je vivais avec, mais je n’en parlais pas… Les années passèrent puis la honte s’installa en moi de façon insidieuse et permanente. Elle est devenue une partie de mon identité. C’est étonnant de constater que même étant victime, on peut se sentir coupable. Coupable au point de ne plus pouvoir affronter le monde tel que l’on est.
À force de perdre ma crinière, j’ai cédé la place aux postiches. J’avais de beaux discours « coiffures protectives, nouvelles tendances et encore…». Au début j’y croyais, j’espérais que c’était passager. Après un certain temps, ces discours d’espoirs sont devenus des prétextes, je me cachais.
Le temps à eu raison de moi
Je n’avais plus le courage d’affronter mon reflet dans le miroir. À force de me cacher, je me suis perdu, j’ai disparu.
J’étais là physiquement, fonctionnelle, mais en mode survie. La veille de mes 25 ans, impulsivement, j’ai coupé mes cheveux justes assez longs pour pouvoir faire des poses complètes de rallonges, mais cette fois pour une durée indéterminée. Bye Bye Rose!
Dissimuler le problème auquel j’étais confronté a été ma solution. Je voulais me sentir bien et belle dans ma peau. Je ne voulais pas faire face à ma réalité, je n’étais tout simplement pas prête.
Confidence :
Un grand complexe, mes mains. J’ai les mains extrêmement rudes, «des mains d’hommes». Rudes à un tel point que mes amis au primaire ne voulaient pas me donner la main (ce rejet qui semble insignifiant a contribué à ma fragilité, à ce manque de confiance, à cette idée que je n’étais pas assez féminine).
Cheveux crépus
Lorsque la tendance de porter sa couronne naturelle s’est installée dans le 514, moi je suis tombée de haut. Je les trouvais belles ces femmes au naturel.
Le temps a eu raison de moi, je n’avais plus la force de justifier ce choix de ne jamais porter ma chevelure. J’avais vraiment mal et ma souffrance me tuait à petit feux. Je dois ajouter que ma décision de ne pas en parler a amplifié cette souffrance car j’étais seule. La peur du jugement me paralysait.
Résultat : Je me suis condamnée. Mon estime c’est envolée.
J’avais comme fausse croyance qu’ «une femme noire qui perd ses cheveux ce n’est pas normal, ni féminin, ce n’est pas beau et c’est surtout de sa faute! »
À 31 ans, après plus de 6 ans de fausses représentations forcées. Je voulais me permettre d’être. Être libre et vivre tel que je suis.
Le 11 septembre 2016 – Le temps perdu ne se rattrape pas
16 années où je ne me suis jamais senti pleinement en paix et bien dans ma peau, où je n’ai pas été en mesure d’être moi et m’accepter.
Dans ma tête, j’avais 2 options : sois je m’écroulais, sois je coupais.
J’ai décidé d’affronter, d’assumer et de faire face à mes peurs. J’ai arrêté de cacher ma vérité, J’avais assez suffoqué, il était temps pour moi d’éclore. Porter mes cheveux au naturel. ENFIN !!!
Il y a une différence entre choisir son look et subir son look
Choisis le tien, et ne te cache pas
Moi, je suis une femme noire chauve ♥
Ce n’est clairement pas par choix, mais grâce à cette condition, j’apprends à m’aimer à cause et malgré bien des choses.
.. Mais maintenant vois-tu, on ne peut ignorer que l’amour se transforme
et son apothéose c’est quand on aime à cause, à cause des malgrés
(Petit clin d’œil à ma chère Céline – Chanson : On s’est aime à cause)
Penses-y !
- Quelles sont tes fausses croyances?
- Avant de te permettre d’avancer qu’as-tu eu à accepter?
Embrasses pleinement qui tu es!
Rose