« J’avais coupé mes cheveux un peu par hasard, mais je comprenais les filles qui continuaient à se défriser et dénaturer leur texture crépue. J’étais passée par là et comprenais leur désir d’user de tous ces artifices.»
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# Age à Ton 1er défrisage ? Pourquoi ?
Je me suis défrisée les cheveux pour la première fois à l’âge de 12 ans, à la veille de mon entrée au collège. J’avais tellement tanné ma mère pour ressembler aux petits filles aux cheveux bouclés sur les pots de défrisage de Just For Me et Dark N’ Lovely, qu’elle a finalement cédé. Et j’étais bien contente d’avoir les cheveux lisses.
# Année de ton dernier défrisage ?
C’était en 1998.
# Qu’est ce qui t’as poussé à arrêter de te défriser les cheveux et quel a été ton cheminement ?
Un malheureux concours de circonstances a fait que j’ai stoppé le défrisage.
Ma venue en France mit fin à ces délires capillaires. Mon petit pécule d’étudiante m’interdisait de me payer les services d’une coiffeuse toutes les semaines. Et encore fallait – il que je monte à Paris pour me tresser ou me faire défriser, car dans la ville du nord de la France où je résidais, la densité de pénétration de la culture afro était quasi nulle …
Une année, au retour d’un été passé à Dakar, je me suis tressée et ai insisté pour que les tresses soient très fines dans le but de les garder longtemps sur ma tête. 6 longs mois ont passé !
Quand j’ai voulu me détresser, ce fut la catastrophe ! En lieu et place des mèches, j’arrachais des touffes entières de ma chevelure. Au final, je me suis retrouvée avec la moitié du crâne tondu !
Ce fut un mal pour un bien … Car des fois, il suffit d’un événement que l’on croyait malheureux au départ pour nous montrer une nouvelle tournure des choses.
Je pris rendez – vous chez un coiffeur visagiste qui me coupa les cheveux à ras. Le big chop (la grande coupe) effectué, je ne me reconnus pas ! J’étais trans fi gu rée ! Mon visage, que je trouve trop long et anguleux, m’apparaissait sous un nouveau jour et je décidais de garder cette coupe. J’appris à aimer mes cheveux coupés courts et ce fut le début d’une formidable aventure (capillaire) !
# Étant jeune, as-tu eu des poupées ayant des cheveux comme les tiens ? Penses-tu que ça ait eu un effet sur la perception que tu avais de tes cheveux ?
Je collectionnais les poupées Barbie quand j’étais plus jeune, mais je ne pense vraiment pas que ça ait une incidence sur la façon dont je percevais ma chevelure. Pas consciemment, en tout cas. C’était normal d’avoir une Barbie à mon âge, car des poupées noires aux cheveux crépus, il n’y en avait presque pas.
# Qu’est-ce qui a été le plus dur dans ton retour aux cheveux naturels ? Et comment l’as-tu géré ?
Le fait de devoir expliquer à mon entourage (j’étais à l’école à l’époque), que non je n’étais pas malade et que si j’avais coupé mes cheveux, c’était par pure envie. Me voir du jour au lendemain arborer une coupe courte les a déconcertés de prime abord, mais ils ont fini par s’y faire!
# Beaucoup de femmes disent que le retour aux cheveux naturels les as poussé à une certaine remise en question. Est-ce ton cas ? Si oui, parles nous en.
Peu après ma coupe, la vague nappy a émergé. Je voyais sur la toile une multitude de filles glorifiant le cheveu naturel et le retour à celui – ci. Exit défrisage, lissage, mise en plis … Je me suis jetée à corps perdu dans cette vague, avant de me rétracter quelque temps après. Car non seulement je passais tout mon temps à investir dans des produits dont j’entendais parler, mais aussi cette philosophie consistant à créer une sorte de « secte » autour du cheveu naturel me fatiguait … J’avais coupé mes cheveux un peu par hasard, mais je comprenais les filles qui continuaient à se défriser et dénaturer leur texture crépue. J’étais passée par là et comprenais leur désir d’user de tous ces artifices. Les tissages à la Naomi Campbell ont longtemps fait mon bonheur et me donnait l’impression d’être « in », mais cela ne faisait aucunement d’elles des « complexées » ou des Européennes. Ça non !
Mon retour au naturel fut une formidable expérience … Je me redécouvrais, voyais une nouvelle « moi » émerger, osais des couleurs que je n’aurais jamais pensé pouvoir porter. Et finalement cette coupe courte a fini par faire partie de moi !
#Une anecdote en lien avec tes cheveux 🙂
La coiffeuse qui m’a aidée à affiner ma coupe ( faite avec des ciseaux dans un premier temps), me disait mi figue, mi raisin, que je n’aurai pas du les couper aussi courts, car mon visage était fin et ovale. Mais j’ai fait fi de ses conseils, et ai coupé à ras. .
Même si je laisse mes cheveux pousser de quelques cms de temps à autre, j’adore les porter courts et cette coupe courte fait partie de moi maintenant. Quand je vois mes anciennes photos, j’ai du mal à me reconnaître tellement j’ai l’habitude de me voir avec les cheveux courts …